Lettre à ma souffrance

Très chère,

Tu me cueilles au petit jour. 

Je te reçois au coucher du soleil.


Je te salue au milieu de la foule.

Tu t’attables au milieu de mes amis.


Tu me rends visite à l’improviste.

Et tu repars, comme il te sied.


Sans égard pour mes réserves de sel, 

Tu exiges l’hospitalité.



Je t’ai connue.


Lancinante. 


Continue.



Grave et implacable.



Sournoise et cachée.



Hurlante et furieuse.




De tes bottes boueuses, tu saccages ma maison. 


Tu incendies.


Tu balafres.


Tu cisèles mon corps.


Tu me laisses exsangue.


Tu me soumets et tu m’humilies.


Je me débats et tu ris.



Mon esprit 

Brûlé au fer rouge, 

Plongé dans un lac gelé.



Mon esprit 

Comprimé

Écartelé.



Mon esprit

Ravagé.



Quitte mon corps.

Mon corps

Lourd

Pillé

Coupé en deux.




Inspire. 



Oh, que je te crains.


La mort chante alors délivrance.


Et les anges, en rythme, battent leurs ailes.




Expire.







Emilie Bétrix

Novembre 2021