Le miroir

Ils m’ont poussée par-dessus la rambarde.
Ils disent que je suis folle.

Elles m’ont transpercée de leurs regards et saignée de leurs mots.
Elles disent que je suis folle.

Alors que je pleurais, ils m’ont renversée et frappée.
Ils disent que je suis folle.

Alors que je riais, elles ont pris ma joie pour leur aigreur.
Elles disent que je suis folle.

Ils ont confondu ma beauté avec leur possession.
Ils disent que je suis folle.

Elles ont confondu mes sourires avec leur faiblesse.
Elles disent que je suis folle.

Ils ont méprisé mes fleurs et les ont piétinées de leur verbe.
Ils disent que je suis folle.

Ils m’ont écrasée de leur silence.
Ils disent que je suis folle.

Lorsqu’enfin, je me perce, transperce, saigne et frappe.
Ils disent que je suis folle.

Lorsqu’enfin, je dis non et je hurle ce qu’ils font.
Ils disent que je suis folle.

Lorsqu’enfin, je m’indigne de leur indignité.
Ils me rejettent.

Lorsqu’enfin, je me tuerai de leurs choix.
Ils diront que j’étais folle.

Lorsqu’enfin, je me suiciderai.
Ils diront que j’étais malade.

Lorsqu’enfin, je mourrai.
Ils me porteront alors aux nues.

Entourés des silencieux, juges et lâches recevront compassion et soutien.

Et éternels, ils seront les victimes.




Emilie Bétrix
3 octobre 2023